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Jack Simard – Trois minutes trente avant la fin des temps



Date de sortie : 21 avril 2023

Label : Odeva Publishing


S’il ne nous reste que Trois minutes trente avant la fin des temps, alors il va falloir faire vite pour évoquer le huitième album de Jack Simard, sorti le 21 avril dernier. Car ce disque pop vaut la peine d’être connu. Dans le texte, l’artiste est un écorché vif qui chante comme il pense. Il utilise des mots forts pour faire passer des messages, à l’instar de son titre éponyme à l’album où il est question du temps qu’il lui reste. Et de tout ce qu’il aurait dû faire. Il était tranquille à l’instant T, à vivre son quotidien. Mais, même si elle est plus belle que toujours et qu’il l’aime à la mort, elle tue le temps tout le temps.

« Je m’appelle Jack Simard et j’écris des chansons ». Voilà ce qu’on peut lire sur son site internet. Une belle conception qui n’a rien à envier aux plus grands artistes. A 38 ans, le Vosgien semble avoir tout compris de l’intérêt de la vie numérique pour continuer à se faire connaître. Sur sa page Facebook, il cite, par ailleurs, La Tribune de Genève l’évoquant : « Un grand échalas aux gestes expressifs, des bras qui balaient l’air comme une ballerine. Un timbre de voix puissant, des « ouais » qui claquent, des graves qui portent. Et des textes aux petits soins. D’un classicisme sans faille, Simard a les mots subtils, le sens du drame. Du grand art… »

Jack Simard, ce talent d’écriture, sait également bien s’entourer. Car il peut compter sur Vince Cegielski, le batteur-compositeur, et Sébastien Valle, le pianiste-compositeur. A eux trois, ils nous transportent dans un autre univers. Beaucoup plus intense et détonant. Les arrangement musicaux, issus du monde du jazz dans tout son éclat, sont accompagnés de la voix de l’auteur-compositeur-interprète. Les dix titres de son album sont parlés. Tout en rythme, en réalité. Le travail semble être ardu pour réussir à donner de telles intonations aux mots selon les différents rythmes de la mélodie. A cheval entre le slam de Grand Corps Malade et le verbe de Stromae.

Sur la pochette de son disque, il est vêtu d’un tee-shirt noir. Deux prises de vue sont superposées. L’une d’elle le montre calme mais déterminé. Sur l’autre, il se tient le crâne, derrière les oreilles, dans un moment de folie. C’est non sans rappeler le visuel de Sauvage, sorti en 2018. Dessus, il était de profil et semblait hurler, laissant échapper son côté animal. Une manière de corroborer comment son œuvre est décrite sur son site internet : « Ce grand échalas débordant d’énergie lâche toute la puissance de ses interprétations théâtrales et farfelues ». Cela commence donc dès qu’on a l’album entre les mains. Pour le reste, il suffit d’ouvrir ce CD Digipack et son livret de 16 pages qui l’accompagne.

« Sang neuf » démarre l’écoute et prend tout de suite aux tripes. L’artiste est un revanchard au passé douloureux : « Depuis qu'on a connu la merde (…) on n'a plus rien à perdre ». Mais il se relève : « J'ai le sang neuf (…) j'ai le sentiment que pour une fois le cœur y est ». Jack Simard sait dire « Non ». Dans ce titre, il refuse d’être placé dans un moule. Il refuse de se conformer « aux modes d’emploi » et « à la norme ». Il clame : « J'veux pas m'soumettre à ça (…) parce qu'apprendre à dire non c'est devenir quelqu'un ». Dans « Elle est revenue », on aurait pu penser à l’évocation d’un amour retrouvé. Au fil des paroles, on comprend qu’il n’en est rien. Et la chute a de quoi surprendre…

Le 30 août dernier, Jack Simard était l’invité de l’émission Le grand soir de la radio suisse RTS. Il expliquait avoir un problème, car il a « trop de chansons et trop de textes » d’une part, et « ce besoin maladif de figer les choses dans le temps » d’autre part. Il a avoué avoir fait deux autres disques avant le premier, lorsqu’il était ado : « Je les gravais moi-même, et lorsque je jouais dans la rue je les donnais ». Il indique que, s’il fait de la musique, « c’est juste les affres et les démons d’un gamin de 38 ans qui a été jeté dans ce bas-monde ». Lui qui a arrêté ses études à 22 ans déclare que s’il a choisi cette voix, c’est parce que : « j’en prends du plaisir et j’y passe du temps ».

Jack Simard est un chanteur aussi atypique que charismatique. Fort d’une expérience de trente ans dans la musique, puisqu’il admet : « J’ai flirté avec l’univers musical vers l’âge de 8 ans. Contrairement aux apparences, je ne suis pas un musicien inné et même avisé. (…) Ma guitare m’accompagne souvent dans mes chansons (tout comme l’harmonica) mais j’ai appris l’abécédaire de cet instrument quasiment en autodidacte, même si j’ai tenté de prendre des cours ». Il a même animé un atelier poésie dans un lycée des Vosges, l’an passé, afin d’aider les élèves à découvrir leur créativité et leur donner confiance en eux.


Une générosité qui le caractérise, et qu’on retrouve dans les chansons de son dernier album.


Chronique de David Pawlak.




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